Les classiques de la cuisine française nés d’une erreur

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Si la plupart des recettes de cuisine sont un mélange de traditions et de savoir-faire, certaines doivent leur existence à un cuisinier un peu distrait ou à une maladresse devenue une marque de fabrique. Légendes invérifiables ou histoires authentiques, florilège des classiques de la cuisine française nés par erreur.

La tarte Tatin, une erreur renversante

L’histoire de la tarte Tatin est probablement la plus connue des recettes de cuisine française nées d’une erreur. L’histoire la plus célèbre fait état de deux sœurs, Stéphanie et Caroline Tatin, tenancières d’une auberge à Lamotte-Beuvron. Un jour, Stéphanie oublie de préparer le dessert du jour : à la hâte, elle met des pommes, du sucre et du beurre à cuire dans un plat…Et oublie la pâte, qu’elle ajoute au cours de la cuisson. Le dessert sera servi chaud, son retard ne lui laissant pas le temps de la laisser refroidir. Sans le savoir, elle vient d’inventer la tarte renversée la plus célèbre de la gastronomie française.

Une variante de la légende affirme que l’une des sœurs aurait fait tomber une tarte aux pommes classique et l’aurait mise au four à l’envers pour masquer les dégâts. Le résultat aurait tellement plu qu’il aurait donné naissance à une nouvelle recette : la tarte Tatin. À vous de choisir la version qui vous plaît le plus…

Le roquefort, un oubli qui vaut de l’or

Tout le monde connait le roquefort, fromage à pâte persillée élaboré à partir de lait cru de brebis. Symbole de la région des Causses et des vallées de l’Aveyron, ce classique de la cuisine française devrait ses origines à un berger plus intéressé par les femmes que par ses troupeaux. Un jour, trop occupé à courir une bergère, il oublie son déjeuner dans une grotte : un morceau de pain accompagné de caillé de brebis. À son retour quelque temps plus tard, il retrouve son repas couvert de moisissure, et c’est un régal : le roquefort était né.

Là encore, impossible de dater l’anecdote ni de vérifier sa véracité. Alors que certains la situent au XIe siècle, avec la première apparition du fameux fromage, d’autres affirment que l’anecdote n’apparaît pas avant le XXe siècle. Alors, histoire authentique ou coup marketing ?

Les bêtises de Cambrai : la bataille du Nord

Ici, deux anecdotes (et deux confiseurs) se disputent la paternité du fameux bonbon. D’un côté, le confiseur Afchain raconte qu’au XIXe siècle Émile Afchain, encore apprenti chez ses parents à Cambrai, se trompe dans la confection de bonbons. Sa mère lui aurait alors reproché de ne faire que des bêtises. Pourtant, ces « erreurs » se vendirent si bien qu’on en fit une vraie spécialité qu’on baptisa naturellement les Bêtises de Cambrai.

De l’autre côté, on trouve la confiserie Despinoy qui affirme aussi que ce classique de la cuisine française serait né au XIXe siècle, de l’erreur d’un apprenti qui aurait mal dosé le sucre et la menthe, et aurait insufflé trop d’air dans la pâte à sucre. Résultat : un bonbon dur et sucré reconnaissable à sa texture aérée et qualifié de « bêtise » par le confiseur.

Si la rivalité prête à sourire, elle a pourtant conduit les deux confiseurs au tribunal en 1850. Despinoy a été désigné créateur de la recette, et Afchain « inventeur ». La différence est ténue, on vous l’accorde.

Le kouign-amann, un problème de proportions devenu incontournable

Classique de la cuisine française et bretonne en particulier, le kouign-amann doit son existence à un boulanger de Douarnenez, Yves-René Scordia. En 1860, la farine fait défaut sur le territoire alors que le beurre est accessible en abondance, incitant les boulangers et pâtissiers locaux à adapter leurs recettes en fonction des denrées dont ils disposent. Notre boulanger décide donc de créer un gâteau composé de 400 grammes de farine pour 300 grammes de beurre et autant de sucre. Le résultat est aussi riche que délicieux. La recette créée au hasard est aujourd’hui copiée dans le monde entier et défendue par « l’Association des Artisans fabriquant le Kouign Amann de Douarnenez ».

Vraies ou fausses, qu’importe : ces anecdotes continuent d’être partagées année après année, et contribuent à la saveur de ces spécialités que le monde nous envie.