La Villa Santo Sospir : sur les traces de Jean Cocteau

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Située à Saint-Jean-Cap-Ferrat, sur la Côte d’Azur, la Villa Santo Sospir fait partie des plus beaux emblèmes artistiques contemporains.

Née d’une histoire d’amitié, cette résidence de style régional méditerranéen témoigne du génie, quelques fois extravagant, de Jean Cocteau.

Une Villa tatouée où fresques et mosaïques créent une atmosphère aussi singulière qu’envoûtante.

La Villa tatouée, toute une histoire…

Lors du tournage du film Les Enfants Terribles, adapté du roman du même nom de Jean Cocteau, le poète rencontra Francine Weisweiller, propriétaire de cette villa aux allures méditerranéennes, initialement ordinaire et sans extravagance.

Naquit de cette rencontre un coup de foudre amical qui allait bouleverser et figer l’histoire de cette demeure qui devint la Villa Santo Sospir de Jean Cocteau.

Au printemps 1950, l’hôte des lieux, invita l’artiste à passer une semaine dans sa maison de vacances surplombant la baie de Villefranche-Sur-Mer. Au bout de quelques jours, Cocteau qui ne supportait pas l’oisiveté demanda à son amie Francine Weisweiller s’il pouvait dessiner au fusain la tête d’Apollon au-dessus de la cheminée.

Selon les dires de Matisse « quand on décore un mur, on décore les autres ». Ainsi, Jean Cocteau s’aventura au fil des jours, des semaines, des mois et des années, à faire vivre cette villa à travers des œuvres gigantesques aux tons principalement pastel. Sols, murs et plafonds ne résistèrent pas à cette boulimie créative. La demeure devenait sous les doigts de l’artiste une œuvre vivante. Cocteau écrira : « Il ne fallait pas habiller les murs, il fallait dessiner sur leur peau, c’est pourquoi j’ai traité les fresques linéairement avec le peu de couleurs qui rehaussent les tatouages. Santo Sospir est une Villa tatouée ».

Depuis le 5 mai 1995, la Villa Santo Sospir, est inscrite au titre des monuments historiques. Ce titre reviendra à l’ensemble de la propriété en 2007.

Fresques et décoration de la Villa Sospir : l’âme de Cocteau

Les dessins, les fresques et les mosaïques qui tatouent les murs de la villa ont contribué à transformer les lieux en une grotte enchantée inspirée notamment de la mythologie grecque et des allégories méditerranéennes.

Raffinées ou frôlant le grotesque pour certaines, les fresques de la Villa tatouée témoignent de l’admiration que portait Cocteau aux maitres de la Renaissance, Giotto et Pietro Della Francesca.

Une fois ses fresques dessinées au fusain, Cocteau les agrémente de couleurs légères spécialement préparées par un ouvrier italien à base de poudres de couleur délayées au lait cru : les fresques A Tempura.

Dans le patio d’entrée, deux mosaïques emblématiques véhiculent l’atmosphère des lieux : sur le seuil deux visages sertis d’un serpent, sur le mur la tête d’Orphée, héros de la mythologie grecque.

Aujourd’hui encore, les œuvres de Cocteau habillent les murs de la Villa Sospir. Elles se fondent dans l’architecture de la demeure et retranscrivent les états d’âme de ses habitants.

Mobilier et décoration sont le dessein de son amie Madeleine Castaing qui apporte au lieu une touche de charme, de rustique, d’exotisme et de rococo.

Cette villa est sans nul doute une marque indélébile du poète qui écrivait « Quand je travaillais à Santo Sospir, je devenais moi-même mur et ces murs parlaient à ma place ».