Château du Haut Koenigsbourg : une forteresse alsacienne à l’histoire tumultueuse

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Avec un demi-million de visiteurs par an, le château du Haut Koenigsbourg est le deuxième site touristique le plus populaire d’Alsace. Tour à tour assiégée, pillée, détruite et reconstruite, cette forteresse de pierre a connu de multiples péripéties au cours du temps. Découvrez l’histoire tumultueuse de ce château fort alsacien emblématique

Un château exceptionnel au cœur de l’Alsace

Le château du Haut Koenigsbourg est situé à 25 kilomètres au nord de Colmar et à 12 kilomètres de la ville de Sélestat. Édifice à la fois exceptionnel et imposant, il mesure plus de 250 mètres de large et est perché à près de 800 mètres. Depuis ses hauteurs constituées de pierre de grès rose, c’est un panorama unique qui s’offre à la vue des visiteurs : la plaine d’Alsace, la Forêt Noire, les vallées des Vosges et lorsque le temps le permet, les Alpes, se dévoilent et composent un tableau à la fois singulier et remarquable.

Naissance d’une place forte

La première version du célèbre château alsacien fut érigée en 1147 par la famille Hohenstaufen. À cette époque il portait le nom de « Castrum Estupin » et, du haut de ses 700 mètres, il offrait un point de vue stratégique pour surveiller les routes de la région. En 1157, il changea de nom et adopta celui de « Koenigsbourg » (« château royal ») et connu quelques temps plus tard un premier changement de propriétaire en devenant le bien des Hasbourg. L’année 1462 marqua le second changement de propriétaire du château et le début de travaux d’amélioration du château. Les Tierstein l’agrandirent, ajoutèrent des fortifications visant à améliorer ses capacités de défense et de résistance face aux tirs d’artillerie. Les modifications d’ampleur apportées donnèrent au château un cachet plus important et en firent une place forte importante au sein de la région. Elles inspirèrent en outre un changement de nom significatif, puisque le château de Koenigsbourg se mua en « Hof Koenigsbourg », c’est à dire « le Haut Koenigsbourg ».

Le 17ème siècle, un tournant historique pour le château du Haut Koenigsbourg

L’histoire du château du Haut Koenigsbourg pris un virage décisif au cours du 17ème siècle et embrassa le destin belliqueux de nombreux châteaux forts. Il subit ainsi des assauts violents de la couronne suédoise durant la Guerre de Trente Ans et fut grandement endommagé, malgré les travaux de fortification réalisés. L’année 1633 fut particulièrement marquante : le château alsacien fut assiégé, pillé, avant d’être abandonné durant deux siècles. Ce n’est qu’en 1862 que la ville de Sélestat acquit les ruines du château et que ce dernier accède au rang de monument historique dans un souci de préservation. Cependant, malgré une forte volonté de reconstruire le château déchu de son rang de forteresse, les travaux de rénovation représentent un coût trop important. Le château du Haut Koenigsbourg est alors offert à l’Empereur Guillaume II de Hohenzollern, en 1899. En marge des problématiques de coûts, cette passation représentait également un geste politique puisque l’Alsace était assiégée depuis 1871 par l’Allemagne.

Le 20ème siècle : la renaissance du château

Devenu propriétaire du « Haut Koenigsbourg », l’Empereur Guillaume s’est empressé de mettre en place un projet de grande envergure visant à redonner sa beauté d’antan à l’ancien château fort alsacien. Il confia à Bodo Ebhardt la reconstruction de l’imposant édifice. Ce dernier effectue un travail de recherche très approfondi afin de rendre au château un aspect proche de celui qu’il possédait au 15ème siècle, avec toutes ses spécificités médiévales. À l’issue de huit ans de travaux qui s’étendront de 1900 à 1908, le château retrouve de sa superbe même s’il a dorénavant davantage une fonction symbolique et représentative du pouvoir allemand qu’un rôle stratégique. Il ne fera d’ailleurs plus l’objet d’assauts aussi furieux que par le passé.

Un retour à l’Etat français et une intégration au patrimoine historique national

En 1919, l’histoire du château du Haut Koenigsbourg connaît un dernier rebondissement en redevenant la propriété de l’Etat français, lors de la signature du traité de Versailles. Il accède à cette période au statut de « Palais national » avant d’être complètement réhabilité et de devenir la propriété du Conseil Général du Bas Rhin en 2007. Les phases de restauration successives qui ont eu lieu ont permis de préserver la mémoire des lieux et d’offrir aux amoureux des châteaux forts et de l’Histoire un témoignage matériel criant de vérité. La collection d’armes qu’il abrite, ses meubles d’époque, ses tours, son donjon, ses ponts-levis, son bastion ou encore les armoiries allemandes et fresques ornant les murs ne manquent pas de ravir chaque année les visiteurs qui les découvrent avec curiosité.